Compétition Col de Bleine, apprendre de ses échecs

avec Pas de commentaire

La fin de la saison de compétition se rapproche, je me rends à la compétition sport du Col de Bleine organisée par le club Au Gre de L’air pour mon avant dernière compétition de l’année. La compétition du Revard ayant lieu le même weekend m’intéressait plus, pour découvrir d’autres lieux. Cependant, toutes les places étaient prises.

J’arrive très optimiste ce samedi 5 septembre, voire trop optimiste pour cette seule manche organisée du weekend, les conditions météorologiques étant très défavorables le lendemain.

Au décollage du magnifique Col de Bleine, nous sommes tous perplexes. Habituellement, ce spot orienté Sud fournit la brise suffisamment tôt pour pouvoir décoller en milieu de matinée. Nous ressentons tous le vent météo de secteur Ouest prenant le dessus sur la faible brise de pente. Toutefois, une belle manche de 57km s’annonce !
Les 13 pilotes présents à cet événement sont tous prêts à décoller, mais la brise manque terriblement. L’organisation décide de retarder le START de 30 minutes en attendant une éventuelle amélioration.

On commence à décoller vers 11H30 et montons difficilement. Lorsque le plafond est atteint, nous ne sommes pas très haut par rapport au sol.

On peut penser à un mauvais calibrage des instruments de vol mais le plafond est à 2300m. Pas très réjouissant ce début sans compter la faiblesse des thermiques !

L’heure du START sonne, on débute la course. La majorité galère en-dessous et derrière notre position. Nous sommes très peu en tête et à avoir valider le START. Mon optimisme sera de très courte durée, comme celle de mon vol.

En effet, notre position très avantageuse me trahira par un excès de confiance. La masse d’air particulièrement peu instable me piègera dû à trop de relâchement et le souhait de croître l’écart avec les autres pilotes. J’empreinte, sans analyser les données de mes instruments, la même transition que les 2 autres pilotes devant moi et sur ma droite. Pourtant, tout était au rouge ! j’étais trop dans ma zone de confort, sans remise en question… En compétition, il faut être vigilant à tous les instants, quelque soit votre position.
Je transite avec les 3 autres pilotes en direction de l’Ouest du Pensier Occidental où un seul survivra pour être parti légèrement plus haut. A cet endroit précis, le venturi est plus fort que certains jours à cause d’une entrée de vent météo d’Ouest.
Sur cette transition, ma finesse se dégrade de plus en plus en raison de l’effet venturi situé à proximité.

Avant de rentrer dans les détails, il est utile de vous rappeler que l’effet venturi est un phénomène dans lequel un fluide en écoulement subit une dépression lorsqu’il entre dans une section qui se rétrécit. Beaucoup d’informations sont accessible sur la toile. Ce qui est plus intéressant, c’est la réaction de la masse d’air surmontant ce phénomène.
Commençons par les schémas ci-dessous :


Le premier schéma correspond à l’expérience la plus connue sur l’effet venturi. Elle démontre bien une baisse de pression lorsque le fluide entre dans une section plus petite. Le 2eme schéma se calque sur le premier en grandeur nature. Il s’agit simplement de la zone géographique survolé avant l’atterrissage. Dans le rétrécissement entre les 2 reliefs, entre les 2 polygones verts, il y a également une baisse de pression de la masse d’air. En conséquence, toutes les particules d’air flirtant ce couloir, où se produit le phénomène, subit cette baisse de pression. La masse d’air a tendance à s’effondrer et devient moins portante. Le plané se dégrade en conséquence au dessus de cette zone. Il est évident que cette baisse de finesse s’explique également par l’avancé plus compliqué face au vent du venturi lorsque vous êtes situés dans les crocs de celui-ci.
Pour terminer ce sujet, vous pouvez faire une expérience chez vous avec une paille et 2 cannettes. En soufflant entre ces 2 dernières, elle se rapprocheront. Cette expérience illustre bien la baisse de pression de la masse d’air environnante:

Malgré cet échec, j’en ressors instruis sur le plan psychologique. Si j’appliquais périodiquement une vigilance, soit un point de situation régulier, mes décisions auraient été probablement meilleures. Mes données de vol m’indiquaient parfaitement que ma transition se résoudrait par un atterrissage.
Félicitation aux 3 pilotes ayant bouclé les circuit, Thibault, Jocelyn et Claire avec une aile en B ! Et oui, on peut gagner une compétition avec des ailes de plus basses catégories 😉

Une carrière de compétiteur se résume par des victoires et des échecs. La gagne continue est, je pense, impossible.

Un échec ne se résume pas forcément à un poser sans bouclage du circuit. Il peut être un mauvais placement, une erreur stratégique provoquant un retard sur les autres compétiteurs par exemple.

En compétition, nous adoptons régulièrement différentes façons de voler soit :

  • par de l’attaque,
  • en se mettant au « chaud » dans un groupe,
  • en prenant des initiatives solitaires,
  • en suivant la trajectoire des autres etc.

On adopte ces différentes aptitudes en fonctions de différents paramètres, qu’ils soient technique ou psychologique comme :

  • la fatigue, l’excitation, un relâchement excessif, un excès de confiance etc.
  • la météo à l’instant présent et à venir,
  • le site de vol que l’on connaît ou pas,
  • le matériel,
  • notre situation dans une compétition,
  • la manche organisée (courte, longue, technique, avec différents passages possibles pour valider des balises…)

A l’issue d’une compétition, je pense qu’il est essentiel de faire un RETEX (retour d’expérience), que ce soit sur une réussite ou sur un échec. Ainsi, on peut repérer ses erreurs et ses bons choix en :

  • dialoguant avec les autres pilotes de leur vol,
  • en exploitant et en comparant sa trace GPS avec celle des autres,
  • en revisitant la météo et l’aérologie rencontrée, la carte topographique du site de vol etc.

A noter, le logiciel Logfly est un parfait outil gratuit pour visualiser ses vols. Si vous en connaissez d’autres, partagez les en commentaire !

Après avoir synthétisé vos erreurs et vos axes d’améliorations, notez les dans un carnet prévu à cet effet. Et avant chaque manche, vous pourrez revoir votre carnet afin de ne pas reproduire certaines erreurs et, en conséquence, vous fixer des objectifs plus sûrs et plus solides par exemple.

Pour conclure, la magie du parapente réside dans un apprentissage continue sur la technique et sur sa personne. Dans cette passion, nous ne serons jamais au bout de nos surprises ! Parce que nous somme constamment confrontés à de nouvelles situations, ce qui rend cette activité exceptionnelle.

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